Je me suis rendue compte que j'étais enceinte parce que je sentais
un battement dans mon ventre (certainement les vaisseaux sanguins qui
s'activaient), avant toute autre chose. Bien sûr, par la suite, je n'ai
pas eu mes règles, et mon corps a commencé à changer. Il m'a malgré tout
fallu faire deux prises de sang pour pouvoir confirmer la grossesse,
qui n'était pas détectable au début.
J'ai dû juguler l'euphorie qui s'est emparée de moi, j'avais envie
d'être heureuse, mais je savais comment cette histoire allait se
terminer, et je voulais éviter de trop m'attacher à l'idée d'un enfant.
Mon compagnon, qui avait déjà vécu cela, a pris peur, et m'a bien fait
savoir qu'il n'en voulait pas (même si il était prêt à accepter que je
ne puisse pas me résoudre à avorter).
On m'a conseillé un obstétricien
dans une clinique, et j'avais alors perdu ma carte vitale (pas très
pratique dans ces conditions : j'ai dû avancer une somme considérable,
qui m'a bien sûr été remboursée par la suite!).
Le choix a été
difficile, je passais mon temps à pleurer. Mais je sais que j'ai fait le
bon. J'aurais mis au monde un bébé qui aurait été affecté par la
frustration de son père, et le manque d'argent. J'aurais certes donné la
vie, mais j'aurais détruit celle de mon amoureux, j'aurais rendu mon
enfant malheureux, et ça, non. Jamais.
J'ai avorté par comprimé, comme
ma grossesse était assez jeune. Le gynécologue a été un peu rude, mais
je pense que la situation ne m'a pas donné un regard très objectif. Il
m'a un peu stimulée, pour voir ce que je voulais vraiment (c'était pas
facile, alors je restais muette, je pouvais pas répondre que je le
voulais vraiment, parce que ce n'était pas totalement vrai).
Lors de la
première échographie, on n'a pas trouvé l'embryon, mais il a été détecté
une semaine plus tard. Lors de la prise du médicament, le docteur,
compréhensif, a écrit la mention "lu et approuvé" à ma place. Je lui en
suis reconnaissante. Lors de mon séjour de quelques heures à l'hôpital,
tout s'est bien passé, l'infirmière était très gentille. J'ai eu très
mal en avortant, parce que je ne me suis presque pas médicamentée (je
voulais sentir). Ça a été dur psychologiquement, mais je m'en suis
remise très vite physiquement.
Aujourd'hui, je devrais avoir un petit
bout de deux mois, théoriquement. Quand j'y pense, je me dis que
j'aurais aimé avoir un enfant avec mon compagnon, mais je suis très
satisfaite de ne pas avoir d'enfant à charge tandis que je finis à peine
ma licence. Je sais que j'ai fait le bon choix, même si ce n'était pas
forcément celui que je souhaitais, et qu'il m'a demandé beaucoup de
courage, mais je m'en remets. J'ai évité de briser des vies, d'apporter
du malheur par égoïsme, et ça, ça n'a pas de prix.
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